Lorsque l’on pense posture de yoga en assise, l’image du lotus se dessine assez spontanément, mais si cette posture est excellente pour pratiquer le pranayama ou les exercices de concentration, elle reste difficile, voir même inaccessible pour beaucoup de pratiquants.

L’une des meilleures alternatives est certainement siddhasana, la posture parfaite. Méconnue, elle figure pourtant en bonne place dans la plupart des textes traditionnels !

Et puis elle permet de développer plein de supers pouvoirs. C’est pas moi qui le dit : ce sont les textes.

Siddhasana : traduction et sens de la posture

Siddhi, les pouvoirs magiques !

On retrouve le mot asana, bien évidemment.

Siddha est celui qui a atteint la réalisation, qui a obtenu des siddhi, des pouvoirs qui sont le fruit de sa pratique.

On retrouve la mention des siddhi dans de nombreux textes sous la forme de mise en garde pour les yogi.

Suite à une pratique longue et assidue, certaines capacités extraordinaires peuvent se révéler.

Les maîtres et les textes insistent habituellement sur le fait que ces pouvoirs ne doivent pas être recherchés pour eux-mêmes : cela aurait simplement pour effet de détourner l’adepte de son objectif ultime, moksha, la libération. On traduit souvent siddhasana par posture parfaite, car le siddha est celui qui a atteint un certain niveau de perfection sur la voie du yoga.

Stage pour supers yogis

Vous rêvez de développer les siddhi malgré toutes ces mises en garde ?

Vous voulez apprendre à voler, à lire dans les pensées, développer vos dons télépathiques ?

Mais bien sûr, pas de problème !

Il y a même des stages dédiés à l’apprentissage de ces pratiques.

Je ne plaisante pas. Maharishi Mahesh Yogi, qui a initié bon nombre d’occidentaux à la méditation transcendantale (pour faire court : méditer sur un mantra) proposait à ses adeptes les plus avancés des stages pour développer ses siddhi, et notamment la lévitation.

N’ayant pas participé à ces formations, je ne me prononcerai pas sur leur efficacité !

Mahasiddha, les grands sages

Dans la tradition bouddhiste, les mahasiddha sont les grands sages. Maha = grand.

Ce sont des êtres réalisés qui ont atteint la libération ou au moins des états de conscience « avancés » dans des circonstances parfois étonnantes !

On retrouve l’excellent livre Masters of Mahamudra qui reprend les vies et histoires des principaux mahasiddha.

En français, vous pouvez lire Mahasiddhas, la vie de 84 sages de l'Inde aux éditions Padmakara.

84 histoires qui nourrissent la réflexion des chercheurs et de tous ceux qui pensent que la réalisation peut être obtenue sans obligatoirement mener une vie d’ascète.

Mentions de siddhasana dans les traités de hatha yoga

Hatha yoga pradipika

(Traduction et commentaires de Tara Michael, éditions Fayard)

La traduction donnée est l’asana parfait ou l’asana des siddha. Voici ce qui est dit sur la posture :

Ayant appliqué la plante de l’un des pieds contre la région périnéale, on doit placer fermement l’autre pied au-dessus de l’organe sexuel. Pressant solidement le menton contre la poitrine, on doit se tenir droit, restreindre ses sens, et regarder fixement l’espace entre les sourcils. Ceci est proclamé le siddhasana qui ouvre de force les vantaux de la libération.

Lorsque l’on place la cheville gauche au-dessus de l’organe sexuel, et qu’on dispose par-dessus la cheville gauche l’autre cheville de la même façon, c’est aussi siddhasana.

Viennent ensuite divers descriptions pour prendre des variantes de cette posture.

De même qu’une alimentation mesurée est pour les siddha le premier des yama, et la non-violence le premier des niyama, de même les siddha considèrent le siddhasana comme le principal d’entre tous les asana.

L’auteur insiste ensuite longuement sur la nécessité de s’exercer à cette posture qui compte parmi les meilleures, les plus importantes. Notez qu’il est dit cela de nombreuses postures…

Hatha ratnavali

(Version éditée par le Lonavla Yoga Institute)

Il est dit dans ce texte que les dix postures les plus importantes sont les suivantes :

Svastika, gomukha, padma, vira, siddhasana, mayura, kukkuta, bhadra, simhasana et muktasana

Puis 4 asana sont considérés comme encore plus importants : siddha, padma, simha and bhadra

Il est ensuite dit que la plus importantes parmi toutes ces postures est siddhasana.

Il faut appuyer fermement le talon sur le périnée et placer l'autre pied sur les organes génitaux.

Il faut rester droit et stable, contrôler ses sens et garder le regard fixé entre les sourcils.

C'est le siddhasana, qui ouvre la porte de la libération (moksa).

Puis les mêmes distinctions que dans le hatha yoga pradipika sont faites.

Shiva Samhita

Traduction de Christian Tikhomiroff, disponible librement sur son site.

Il y a quatre-vingt-quatre postures différentes. Après en avoir choisi quatre je les énonce: il s'agit de siddhâsana, padmâsana, ugrâsana et svastikâsana.

L'âsana que je vais maintenant décrire se nomme siddhâsana. Il donne le succès à ceux qui le pratiquent. Il faut se retirer dans un lieu à part et silencieux. Le pratiquant, expert en Yoga, doit appuyer avec soin un talon sur le périnée et l'autre sur le sexe tout en  maintenant  ses yeux vers le haut et en regardant dans l'espace intersourcillier, immobile, les sens maîtrisés et le corps parfaitement droit.

Celui qui veut atteindre rapidement l'accomplissement du Yoga grâce au pouvoir de cette technique, doit sans arrêt pratiquer ce magnifique siddhâsana en contrôlant son souffle.

Un peu plus loin dans le texte, une nouvelle allusion à la posture parfaite :

Il n'existe pas de posture aussi parfaite que siddhâsana, il n'y a pas de pouvoir supérieur à celui donné par la kumbhaka, il n'y a pas de geste qui égale la khecarî et pas de puissance d'intériorisation comparable à celle du son.

Je suis toujours sceptique lorsque je croise les sources. Souvent, les informations semblent se recouper, alors on se dit chouette, s’ils disent tous pareil, c’est que c’est vrai. Mais il est quand même très probable que les personnes ayant écrit un texte se soient basées sur les anciens…

C’est un peu comme de dire que si les médias relaient une info, c’est qu’elle est vraie.

L’agence France Presse a pu faire une erreur…

Bon, enfin je ne remets pas en cause ce savoir, je mets juste une petite alerte pour garder un peu de recul et d’esprit critique.

Siddhasana : posture, bienfaits et contrindications

Comme une image vaut mieux qu’un long discours, voici une image de siddhasana.

siddhasana posture méditation

C’est vraiment une excellente posture car elle permet de s’asseoir longtemps sans (trop) ressentir d’engourdissement. Elle est vraiment accessible, pour peu qu’on l’adapte avec un coussin, un zafu ou un kashipunath sous les fesses si besoin.

Elle permet de se familiariser doucement avec les postures assises, de s’exercer au pranayama et à la concentration avec une certaine aisance et une bonne stabilité.

Personnellement, je l’aime moins que padmasana qui est pour moi la meilleure des assises si l’on peut l’adopter car elle permet de garder le dos droit sans effort et de garder une sensation de maintien, de tenue.

Il n’y a pas de contrindication, car tout peut être adapté. Par exemple pour une personne ayant des problèmes de genoux, il suffira de rehausser le coussin pour que les genoux trouvent un appui, ou de disposer des couvertures sous les genoux.

Conclusion

Adopterez-vous siddhasana ?

Je pense que c’est une excellente posture pour les assises prolongées si la souplesse manque pour padmasana.

Pour les cours je la trouve très bonne, avec un seul bémol : beaucoup de débutants peinent à garder le dos droit. Elle a le mérite d’être adaptable, de ne pas présenter de contrindication et d’assurer une certaine stabilité. En plus, il paraît qu’on peut léviter en siddhasana et ça c’est vraiment cool !