Lorsque je vous ai présenté la liste des 84 postures, vous étiez nombreux à ne pas connaître kukkutasana, la posture du coq. Et c’est bien normal ! Il y a dans cette liste une bonne dizaine de pratiques que je n’ai jamais proposées en cours, et vous allez voir pourquoi.

Pour réaliser la posture du coq, le prérequis est de prendre avec aisance la posture du lotus, padmasana. Ce qui n’est quand même pas à la portée de tout le monde, du moins sans entraînement.

Qu’est-ce que kukkutasana, la posture du coq ?

Prendre la posture du coq

Déjà au niveau du nom, kukkuta est bien le coq en sanskrit, donc kukkutasana signifie bien « posture du coq ».

Il faut commencer par s’asseoir en padmasana, posture du lotus. Plus le lotus sera « serré », plus ce sera facile pour la suite. Plus vos vêtements seront fins, plus ce sera facile, vous allez voir 😊

Placez ensuite la main gauche dans le creux du genou gauche, entre le mollet et la cuisse. Et la même chose à droite. Cet espace est réduit, d’où la nécessité de faire monter les pieds très haut sur les cuisses et de porter des vêtements légers pour gagner quelques centimètres d’espace… Les paumes de main sont alors bien appuyées au sol.

Il est indispensable d’engager les mudras et bandhas habituels dans ces postures exigeantes. La respiration ujjayin est appropriée. Je ne vous cache pas qu’un rythme très lent est difficile à placer, mais déjà aller vers une respiration lente est un bon début. D’autant plus qu’on reste rarement un gathika (la « dose » de base pour une pratique, soit 24 minutes) dans la posture du coq…

 

posture du coq yoga

C'est un peu comme de la lévitation... Bon ok je mets les mains pour le moment, mais je m'entraîne !

Vers mahaveda mudra ?

Kukkutasana rappellera certainement à certains la pratique de mahaveda mudra. Dans ce mudra, la posture du lotus sert de base et on prend appui sur les mains avant de relâcher brusquement pour aller frapper le sol. Mais il s’agit dans ce cas d’un mudra, donc d’une pratique d’éveil de l’énergie, et non d’une posture.

Kukkutasana dans les textes anciens du yoga

Les asanas il y a 200 ans et plus

Par anciens, disons que j’entends antérieurs au 19ème siècle. C’est assez arbitraire, mais je vous explique pourquoi je cherche les infos dans les « vieux » textes.

Avant le 19ème, le mélange entre Orient et Occident ne s’était pas encore fait, ou disons de façon bien moins prononcée.

Nous ne connaissions que peu de choses sur le yoga, l’Occident ne se l’était pas encore approprié.

J’aime autant que possible rechercher des descriptions de postures datant d’avant ce mélange.

Pourquoi cette obsession de la « tradition » ?

Fantasme d’un yoga pur, illusion d’une pratique des origines ? En toute honnêteté, je crois qu’il y a un peu de ça. Je sais que c’est idiot mais j’ai cette tentation de retrouver ce que le yoga pouvait être avant qu’il ne soit enseigné à tout le monde, adapté, je n’irai pas jusqu’à dire « dénaturé » même si une partie de moi le pense.

C’est avant tout de la curiosité, pour voir ce qui était transmis au niveau des asanas avant que l’on cherche à les adapter à nos corps occidentaux un peu plus rigides.

Le yoga pour tous ?

Je ne dis pas que « c’était mieux avant », ce type de posture est simplement inaccessible pour la plupart d’entre nous.

Cela soulève l’épineuse question de la démocratisation du yoga : doit-on l’enseigner à tout le monde ? Je préfère laisser cette question en suspens et revenons à nos moutons, enfin, à nos coqs !

Citations sur la posture du coq

Hatha yoga pradipika, traduction de Christian Tikhomiroff

« Ayant pris la position de Padmasana, insérer les deux mains entre les cuisses et les mollets, et, les plaçant sur le sol, se soulever et se tenir en l'air, c'est le Kukkutasana. »

Dans la Gheranda samhita, traduction de Jean Papin :

« Kukkutâsana. La posture du coq.

Apres s'être assis dans la posture du lotus, padmâsana, glisser les mains entre cuisses et mollets et, en s'aidant des coudes, rester soulevé comme si on était assis en l'air. C'est kukkutâsana, la posture du coq. »

Vasistha samhita

Dans ce texte bien moins connu que les précédents que je vous ai cités, Vasistha (l’auteur) compte 10 asanas et kukkutasana a l’honneur de figurer dans cette very short list !

« Il [cet asana] consiste, après avoir pris padmasana, à insérer les mains entre les mollets et les cuisses et à placer la paume des mains sur le sol de manière à ce que le corps entier puisse être soulevé. »

L’une des premières mentions de la posture du coq semble avoir été faite dans l’Ahirbudhnya samhita , mais je n’ai malheureusement pas accès à ce texte.

Ce qui en ressort, c’est que tous les textes sont d’accord sur la manière de prendre la posture du coq. Pour certaines postures mineures, les instructions peuvent diverger. Ici, tous les textes disent la même chose, la posture est donc bien établie.

On note que les effets recherchés avec la posture du coq ne sont pas mentionnés. A quoi ça peut bien servir de se mettre en lotus et à se soulever avec les mains ?

Les effets de kukkutasana, la posture du coq

Bienfaits attendus de la posture du coq

Au niveau du corps, la posture du coq est vraiment tonifiante. Elle renforce les bras, le dos, elle permet de travailler son équilibre. C’est aussi un bon exercice de gainage.

Cet asana améliore la digestion et la circulation sanguine. Par conséquent, elle offre un regain d’énergie quand elle est pratiquée régulièrement.

Les contre-indications à la posture du coq

Ce n’est pas une contrindication, mais le fait de ne pas parvenir à réaliser padmasana, la posture du lotus, empêche de faire kukkutasana. Les adaptations me semblent compliquées, il est encore plus difficile de la réaliser en partant d’une simple posture jambes croisées comme la posture du tailleur.

Une faiblesse des poignets ou d’anciennes blessures aux poignets, aux coudes ou aux épaules.

Une hypertension artérielle ou des problèmes cardiaques sont de sérieuses contrindications à cette posture.

Si vous n’avez pas essayé, vous ne vous en rendez pas compte mais la posture du coq nécessite d’avoir de sacrés abdos ! Les personnes qui ont subi une opération du ventre, qui ont une hernie hiatale ou encore un prolapsus éviteront kukkutasana.

Je signalerais également tous les problèmes de genoux ou de chevilles, comme pour la posture du lotus.