Faut-il réaliser ses souhaits pour être heureux ?

On a parfois l’image d’une spiritualité ascétique dans laquelle le désir n’a aucune place, si ce n’est celle, peu enviable, de l’ennemi à écarter.

Cette vision emprunte de culpabilité est celle qui prévaut en Occident, mais il est possible de voir les choses autrement ?

Non seulement accepter le désir comme étant une part de soi dont le refoulement ferait plus de mal que de bien.

Mais également comprendre que nos désirs sont de très bons guides pour nous apprendre à nous connaître.

Partons donc à la rencontre de nous-mêmes à travers nos désirs, et voyons comment réaliser ses souhaits peut être une manière de se réaliser soi-même.

Ganesh et Lakshmi, tous deux sont porteurs de chance, favorisant la réalisation des souhaits et le dépassements des difficultés dans la tradition indienne.

Que signifie « réaliser ses souhaits » ?

Réaliser ses souhaits, est-ce répondre à toutes ses attentes ? Dans ce cas, l’épuisement pointe le bout de son nez car la liste de ce que nous pouvons désirer est infinie.

Réaliser ses souhaits, c’est déjà les connaître.

Connaître quels sont nos désirs profonds, fondamentaux, et s’appliquer à les satisfaire d’une certaine façon.

Nous cherchons une manière de faire qui procure du plaisir et qui limite la frustration. Car le danger, avec les souhaits non réalisés, c’est de ressentir un manque.

Quel est l’intérêt de connaître ses désirs et réaliser ses souhaits ?

Comment pourrait-on satisfaire un besoin qui n’est pas identifié ?

Il est primordial de commencer par découvrir nos souhaits les plus profonds, et croyez-moi, c’est loin d’être facile.

Comment laisser émerger nos envies profondes ?

Une méthode rationnelle pour comprendre nos désirs

Vous pouvez découvrir vos désirs fondamentaux en commençant à observer vos envies les plus superficielles : trouver les points communs entre les petits désirs qui sont présents au quotidien.

Notez-les éventuellement en vous interdisant d’en supprimer de la liste : ce que vous avez désiré à un moment même si ce n’est plus votre préoccupation 3 jours plus tard a toute sa place dans la liste.

Ensuite, trouvez ce qu’il y a de commun à tous ces désirs.

La méthode intuitive pour trouver ce que l’on désire

C’est celle que va privilégier le yoga car lorsque l’on est hyper vigilant, c’est la pulsion qui parle, c’est l’ego qui s’exprime et on risque de passer à côté de ce qui compte vraiment pour une obsession passagère ou par manque d’attention à certains indices.

En « éteignant la vigilance » et en laissant simplement émerger des réponses au cours d’une pratique comme yoga nidra ou une phase de méditation qui viendrait effleurer la thématique de nos désirs profonds, nous pourrions être surpris des résultats.

Certaines pratiques comme celles autour de kalpavriksha, l'arbre à souhaits ou encore bhadrasana, la posture auspicieuse, peuvent nous aider à identifier nos désirs et, qui sait, nous amener sur le chemin de leur réalisation.

Trouver ses désirs profonds en s’observant

Il est possible d’identifier ses souhaits profonds en restant attentif à ce qui nous fait du bien au quotidien.

Il y a chez de nombreuses personnes un décalage important entre ce qu’elles pensent vouloir et ce qui les ressource réellement.

En restant connectés à la sensation de plaisir dans votre vie quotidienne, vous apprenez à vous connaître de mieux en mieux afin d’observer ce qui vous convient vraiment, et non plus ce que vous pensez vouloir.

Par exemple, on peut rester affalé devant un écran tout en ressentant du dégoût, de l'ennui, de l'apathie. Ce n'est pas ce que l'on désire, c'est l'action par défaut qui semble la plus simple. Certains fumeurs sont écoeurés mais continuent tout de même de fumer car la sensation de manque est présente malgré le dégoût. C'est une addiction, pas un désir...

3 écueils à éviter dans l’identification des désirs

• Confondre peur et désir : agir par peur avant tout (même si c’est une observation valable)
• Ne pas aller au bout de l’observation rester sur un désir superficiel et penser qu’il est profond. Clairement, si vous avez plus de 5 désirs que vous pensez fondamentaux, c’est que vous n’avez pas poussé le processus de regroupement assez loin, que vous n’avez pas assez raffiné votre recherche.
• Confondre le processus et le résultat. Tout le monde voudrait être un musicien hors pair, courir un marathon sans effort et peindre des oeuvres sublimes. Mais tout le monde n'a pas l'appétence pour le processus d'apprentissage, pour le temps passé à s'entraîner.

Faut-il réaliser ses souhaits pour être heureux ?

Plongeons en enfance pour mieux comprendre ce qui nous rend heureux !

Le désir de désirer

Quand vous étiez enfants, vous adoriez certainement la période des fêtes de Noël.

Nous pouvions passer des heures à feuilleter les catalogues de jouets en peaufinant chaque jour un peu plus la fameuse liste au Père Noël.

Nous cherchions alors à ressentir le plaisir de désirer et non à satisfaire ce désir.

Adulte, nous pouvons être conscients de ce mécanisme et identifier dans notre vie quotidienne les moments où nous aurions tout intérêt à "attendre Noël" au lieu de partir à la chasse au Père Noël !

Le désir de faire et non d’avoir

Un autre exemple parlant, qui vient lui aussi de l’enfance, est la construction d’une cabane. Beaucoup d’enfant adorent prendre le temps de la construire, de l’aménager, de l’améliorer. Mais une fois que c’est terminé, il y a comme un sentiment d’ennui qui pointe.

L’objectif est atteint.

Parfois, nous voulons un résultat. Parfois, nous sommes passionnés par le processus.

Pour vos désirs personnels, il est intéressant de définir si c'est la réalisation ou l'atteinte de l'objectif qui vous intéresse le plus.

Spoiler : nos désirs sont les mêmes

Il n’y a pas une infinité de désirs chez l’être humain, même si la liste de nos souhaits semble infini quand on observe les petits désirs.

Trois grandes problématiques s’imposent à nous : un besoin de sécurité, une volonté d’appartenir au monde (au groupe social, à la famille, à l’entreprise…) et un désir d’absolu (de sens, de spiritualité, de religion pour certains).

Pour les yogi, vous avez certainement noté que tout cela est en lien avec les 3 granthi, les noeuds de l'existence, un article que vous pouvez retrouver ici. 

Tous ces besoins vont simplement s’exprimer différemment suivant les personnes, on peut s’amuser à voir derrière l’expression particulière d’un désir chez quelqu’un à quel désir fondamental cette recherche est liée.

Réaliser ses souhaits, est-ce un gage de liberté ?

On peut penser qu’en réalisant tous nos souhaits, nous serions totalement libres. Mais c’est sans compter la nature infinie du désir.

La personne la plus libre est peut-être celle qui a appris à ne pas satisfaire tous ses désirs.

Ne pas être esclave de ses pulsions est envies, voilà un souhait qu’il serait intelligent de formuler. Libérer de ce joug que nous nous imposons nous-mêmes, nous pourrions alors goûter la vie sans frustration, regret ni amertume.

Alors, faut-il réaliser ses souhaits ?

Si le génie de la lampe venait vous demander 3 souhaits que vous voudriez voir exaucés, que choisiriez-vous ? Pour tout obtenir avec seulement 3 souhaits, il faudrait avoir fait un sacré travail pour plonger en soi et en extraire les points communs à ces désirs, les 3 seuls que l’on pourrait voir satisfaits.

A défaut de génie, la connaissance de ce qui nous anime profondément est le plus sûr moyen de voir ses souhaits se réaliser, car cette flamme intérieure est ce qui assure de consacrer le temps, l’énergie et la passion nécessaires à leur réalisation.

Ce qui est exaltant, ce qui nous anime, c’est le chemin, pas le but.

C’est le plaisir de construire, le plaisir dans l’action, pas le plaisir de posséder quelque chose ou d’être dans une situation donnée.

Vous le savez très bien parce que dès que vous avez atteint un objectif, vous pouvez savourer votre victoire quelques temps, mais un nouvel objectif pointera rapidement le bout de son nez. Un nouveau désir insatisfait se fera connaître et occupera votre attention.

Une fois que ce processus est clair, que vous l’avez vu, identifié, il est plus aisé de l’accepter. On ne peut pas changer sa manière de penser, de réagir ou de raisonner sur une simple décision, mais on peut adapter nos choix à notre tempérament.

Au lieu de supprimer tout désir, on peut se rappeler régulièrement que ce qui compte n’est pas le but mais le chemin, et prendre ainsi plus de plaisir à le parcourir !