La verticalité est une notion clé en yoga. Nous travaillons toujours au 3 niveaux : corps, souffle / énergie et mental. La verticalité est une notion que l’on associe traditionnellement au corps physique car c’est là où on l’explore le plus facilement, le plus intuitivement, mais elle ne concerne pas que la posture. Il s’agit plutôt d’un état d’esprit, d’une attitude face à la vie. À travers la notion d’urdhva retas (remontée des énergies), partons à la recherche de sa propre verticalité sur les 3 plans.

Urdhva retas : recherche de verticalité, retour en soi

Il faut voir cette recherche de verticalité aussi comme une recherche d’unité. Habituellement, nous nous dispersons en un tas d’activités, nous laissons aller nos pensées dans tous les sens, nos gestes sont imprécis et brouillons… À différents niveaux bien sûr, suivant les personnes et suivant les jours. Mais c’est une tendance générale, naturelle.

On remarque d’ailleurs que cette tendance s’accentue lorsque l’on a une baisse d’énergie : il devient plus difficile d’avoir une discussion complexe, on préfère s’avachir dans un fauteuil que de se tenir droit sur sa chaise, les pensées s’embrouillent, etc. Pour éviter cela, les pratiques permettant de se recentrer et d’amener plus de verticalité sont intéressantes. Attention, on ne dit pas qu’il ne faut pas se détendre… Mais simplement ne pas confondre détente et abattement, laisser aller et lâcher prise !

La verticalité, c’est l’attitude que l’on peut choisir d’adopter face à la vie. Se redresser, « faire face » mais sans tension. Simplement être là, présent et stable, mais sans opposition. La notion peut sembler un peu guerrière, un peu provocatrice et pourtant ce n’est pas vraiment le cas. Peu importent les autres, le regard extérieur : la verticalité c’est une attitude où l’on se redresse, ça ne concerne que soi. Si les autres nous trouvent trop haut, trop droit, nous n’avons pas d’autre choix que de conserver cette attitude : ça leur passera ou ils passeront (dans notre vie, ou à autre chose) mais ça ne concerne que soi-même. Ce n’est pas une comparaison, une compétition : c’est une volonté, une force, une attitude mentale qui peut se traduire par un changement d’attitude physique.

La nécessité de tout ramener au centre

Lorsque l’on est bien dans son axe, on est un peu dans l’œil du cyclone. Les vents de la vie peuvent se déchaîner autour de nous sans que nous ne perdions notre axe. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes insensibles ou indifférents, seulement, cette attitude est maintenue. Avec l’habitude, cela se fait de plus en plus naturellement. Voir le monde de l’intérieur est l’une des clefs pour trouver ce centre.

Au cœur de nous-même, bien dans l’axe, tout est immobile. S’il y a une chose dont nous pouvons être certains, c’est que le mouvement ne cessera jamais. Nous sommes parfois tentés de dire « tout ira mieux après tel événement » ou « vivement tel moment, je pourrai enfin faire telle chose car l’agitation sera retombée »… C’est peut-être vrai dans une certaine mesure mais l’agitation est permanente et au lieu de perdre une énergie conséquente en essayant de l’arrêter, nous aurions certainement intérêt à apprendre à nous stabiliser pour ne plus qu’elle nous impacte négativement. Trouver nos propres moyens pour rester centrés (et ici cette expression prend tout son sens) mais sans rigidité. L’œil du cyclone se déplace lui aussi ! Trouver en soi l’immobilité au cœur du mouvement, voilà un programme ambitieux.

Le mouvement vers le haut

L’image du feu est très parlante lorsque l’on cherche à imager urdhva retas : c’est l’énergie qui monte. Quelque chose de chaud qui est irrésistiblement attiré vers le ciel, à l’image du feu qui brûle et qui remonte. Le simple fait de garder en tête l’image d’une flamme puissante qui semble aspirée vers le haut permet déjà de donner un avant-goût de ce qu’est urdhva retas.

Si vous fermez les yeux 30 seconde, que vous vous centrez sur cette image de feu et de verticalité, votre état d’esprit a déjà été légèrement modifié. D’où l’importance de l’intention lorsque l’on pratique… Mais on y reviendra. Dans les postures, c’est aussi à cela que servent les visualisations : on amène une intention. Les visualisations étant neutres (des canaux énergétiques feront rarement écho à d’autres souvenirs, ce sont des images neutres pour nous, sur lesquels on peut se concentrer sans être encombrés par des conditionnements et des pensées connexes) elles permettent d’induire cette remontée de l’énergie sans que l’on ne se laisse (trop) parasiter par les commentaire du mental.

Faire monter l’énergie, voilà la recherche du yogi. Naturellement elle se disperse, la recherche d’urdhva retas est donc contre nature. Naturellement, la gravité entraîne tout vers le bas tandis que nous allons chercher à aller vers le haut.

Nous l’avons déjà vu, les différentes modalités de l’énergie dans le corps et dans le monde son nommées vayu (vents). Ce sont très schématiquement les directions, les fonctions de l’énergie. Les centres d’énergie les plus bas (de la base à la gorge) sont associés à des vayu :

  • Apana dans la base, le mouvement qui tire vers le bas.
  • Vyana dans le pubis, responsable de la cohésion, de la circulation.
  • Samana dans le ventre, l’énergie de feu, de combustion, de digestion.
  • Prana dans le cœur, lié au mouvement de l’extérieur vers l’intérieur.
  • Udana dans la gorge, qui est en lien avec la verticalité

Udana est donc l’énergie que l’on cherche à développer en priorité si l’on est dans une recherche particulière d’urdhva retas. Postures et souffles qui activent la gorge seront donc à privilégier. Une simple présence dans ce centre et dans l’axe (physique, énergétique) peut déjà faire une certaine différence si l’on se concentre régulièrement dessus.

Des rappels pour garder en tête la nécessité de verticalité

Dans le yoga, on utilise parfois des images pour symboliser cette verticalité : le lingam (pierre ovale polie par la rivière Narmada), la flamme qui monte et qui chauffe, Shiva qui symbolise cette conscience… On pourrait utiliser n’importe quel symbole comme rappel de cette nécessité de verticalité.
L’importance que l’on donne aux objets extérieurs va varier suivant les personnes : ce n’est pas de la superstition, c’est un rappel. Comme on mettrait un post-it ! Enfin c’est plus classe d’avoir un lingam 🙂