Lorsque l'on recherche ce qu'est l'ashtanga yoga, on tombe invariablement sur une description similaire au vinyasa ou au power yoga. L'ashtanga yoga n'a en réalité rien à voir avec ces styles de yoga dynamiques. Je vous propose donc ici une définition et une réflexion autour du terme d'ashtanga.

Définissons l’Ashtanga Yoga

Ashtanga signifie littéralement "constitué de huit membres". Le rapport avec ce qu'on appelle actuellement ashtanga yoga ? Aucun. Ce terme de huit membres fait référence aux Yoga Sutra de Patanjali, au sujet du Raja Yoga. Ces fameux membres, "angas", sont les étapes que l'aspirant yogi devra franchir avant de parvenir à son but ultime, la libération (samadhi).

Les 8 membres du yoga sont donc

Yama, les cinq principes à observer pour la vie en société  :

  1. ahimsa, la non violence
  2. satya: la sincérité
  3. asteya: le fait de ne pas prendre ce qui n'est pas offert
  4. brahmacharya: la vie pure, dans le sens de chaste
  5. aparigraha: le fait de ne pas s'attacher aux choses de manière démesurée

Ces principes ont été érigés à une époque donnée, dans une culture donnée. Si effectivement ne pas mentir et ne pas tuer son voisin me semble une bonne idée, je pense que l'observation des yamas sera différente en fonction de l'environnement dans lequel on vit.

Ils sont d'ailleurs assez vagues, et c'est à chacun de définir ce que "ne pas mentir", par exemple, veut dire. La sincérité doit-elle être observée à tout prix, au risque de blesser ? Beaucoup de personnes disent "ne pas tuer" mais le fait de manger de la viande par exemple ou d'éradiquer une colonie d'insectes est-il acceptable ? Chacun met un peu les limites où ça l'arrange, vous l'aurez remarqué.

Niyama, les règles morales que l’on s’applique à soi-même :

  1. sauca, la propreté
  2. santosha, le contentement
  3. tapas, qui peut être l'ascèse, ou la pratique du yoga qui est une forme d'ascèse
  4. svadhyaya, l'étude des écritures, des textes sacrés
  5. ishwarapranidhanala reconnaissance du divin

Asana, la posture

Là où démarrent (et s'arrêtent) la plupart des pratiquants du yoga qui a été réduit à un simple exercice physique alors qu'il est à l'origine un véritable mode de vie. Le natha yoga commence ici mais continue bien plus loin, partant du principe que les yamas et niyamas sont ... ne disons pas inutiles, mais que ce n'est pas préocupation première du yogi.

Concrètement, tout le monde a des yamas et niyamas "personnels" qui évoluent en fonction du milieu, de la culture, de l'époque. Et le yogi a dans un sens intérêt à les suivre car s'il ne le fait pas, sa pratique pourrait en être impactée. Sauf s'il peut tuer, mentir et voler sans que son mental n'en soit affecté, mais c'est plutôt rare 🙂

Pranayama, la maîtrise du souffle.

Contrairement à une idée très répandue le but du pranayama n'est pas de s'oxygéner au maximum mais à l'inverse de prendre le moins d'air possible, de s'affranchir peu à peu du processus physiologique de la respiration. C'est l'étape cruciale pour celui qui veut éveiller l'énergie.

Le prathyahara

Le retrait des sens ou même retournement des sens. Étrange ?

Il s'agit ici de sortir du processus classique qui fait que nos sens font notre vie, nous sommes en quelque sorte esclave de nos sens et ce n'est pas péjoratif, il est logique de se fier aux sens pour agir et penser. Sans nier leur utilité, celui qui pratique le pratyahara sera capable de trouver les réponses et les indications en lui, pas seulement dans le monde externe.

La concentration, dharana

Avec la folie marketing de la méditation, on pense accéder directement à l'étape suivante, dharana (rien que ça) après avoir suivi une formation de quelques jours ou après avoir lu un livre pour apprendre à méditer.  En réalité, la plupart des méditations ne sont que des concentrations. Quand on focalise son attention sur un point, que ce soit une pensée, une bougie ou une divinité... Cela reste de la concentration.

Dhyana, la méditation

Un état que je ne développerai pas ici tout simplement parce que je ne l'ai pas expérimenté.

Samadhi

Huitième et dernier anga, le but de la quête du yogi, là encore je n'ai pas eu la chance d'y goûter... J'espère mettre à jour cet article pour remplir cette section, qui sait 😉

Voilà ce qu’est l’ashtanga yoga.

C'est le yoga par excellence qui n'est pas limité aux postures, alors que le terme d'ashtanga lorsqu'il est utilisé aujourd'hui sert le plus souvent à désigner un enchaînement de postures très rapides. Le "véritable" ashtanga yoga, c'est une pratique qui dure 24h/24, 7 jours/7, et non un cours auquel on se rend une fois par semaine pour se défouler et perdre sa cellulite, ou déstresser : c'est une pratique pour ascètes que personne ou presque ne peut suivre de nos jours dans la société actuelle. C'est pourquoi le tantrisme me semble la réponse la plus appropriée aux yogis disons contemporains, d'ailleurs.