La question est mal posée, je sais, ça manque de nuance. Ça tombe bien aujourd'hui j'avais envie de jeter un (gros) pavé dans la mare !
Bizarrement lorsque je dis que je pratique le yoga, l'une des questions que l'on me pose le plus fréquemment est "alors, t'es végétarienne si tu fais du yoga ?". La réponse n'est pas si simple et si mon interlocuteur se serait bien contenté d'un oui ou d'un non clair, je lance généralement (malgré moi parce que je sais que c'est assez chiant) un débat sur le végétarisme, mais aussi sur l'absence d'obligations dans le yoga. Je dédie cet article à tous ceux qui me poseront la question à l'avenir !
Ce que nous allons voir dans cet article
Mon avis personnel sur le végétarisme et le yoga
Tout d'abord, je tiens à préciser qu'il n'y a aucune obligation à devenir végétarien. C'est un choix personnel et je trouve même que les extrémistes à ce sujet ne font que desservir leur cause. Je me considère d'ailleurs comme végétarienne (presque végétalienne, d'ailleurs) mais si je suis invitée et qu'il est difficile d'expliquer à mon hôte que non, je ne goûterai pas au plat qu'il a mis 3 heures à préparer, disons que je fais un petit écart à mes principes.
Etre végétarien, un choix éthique ?
La principale raison de devenir végétarien quand on fait du yoga est d'ordre éthique : si l'on respecte les yamas, le premier d'entre eux est Ahimsa, la non-violence. Ce qui signifie ne pas se nourrir d'aliments qui ont causé la souffrance. Si l'on suit ce raisonnement, on devient tous végétaliens car les modes de production actuels sont on ne peut plus irrespectueux de l'animal, que ce soit pour la viande, le lait, le poisson ou les œufs.
En revanche, si on a une poule dans son jardin qui gambade en liberté toute la journée, sa vache qui reste dans son pré et qu'on va traire une fois de temps en temps et que la viande que l'on consomme ne provient que d'animaux déjà morts … On n'est pas végétarien mais on respecte bien le principe de non-violence.
En conclusion, on peut dire qu'être végétarien (ou végétalien) n'est donc pas une fin en soi mais la conséquence logique de l'adoption de certaines règles de conduite. Un omnivore peut donc respecter les yamas… et un végétarien les enfreindre !
Etre végétarien, une question de santé
Préoccupation plus occidentale, si l'on peut dire : la santé. Il est reconnu que la consommation de viande excessive (ou même la consommation de viande tout court, oui j'essaie un peu de vous convertir au végétarisme mais je fais ça gentiment) est néfaste pour la santé.
Si l'on considère le yoga comme un exercice physique (ce qu'il est mais je rappelle qu'on ne peut pas le limiter à ça) il est donc logique de se préoccuper de ce que l'on ingurgite afin de ne pas entraver le fonctionnement du corps. Encore une fois, le végétarisme serait l'une des solutions mais si on s'empiffre de chips et de soda (végé) à côté, l'intérêt est moindre…
Et en ce qui concerne l’alcool ?
Tant qu'à faire, puisqu'on parle de substances à ne pas consommer… Là encore, il n'est pas écrit qu'un yogi ne doit pas boire une goutte d'alcool et quand bien même ce serait écrit, on n'est pas dans une dictature. La problématique est toujours la même : il est préconisé de limiter sa consommation car une fois un peu éméché, le respect des yamas et niyamas se transforme rapidement en lointain souvenir. La flexibilité, l'adaptabilité est la seule règle (oui donc vous l'aurez compris, il n'y a pas de règles). On ne peut pas donner de quantités à ne pas dépasser, si comme moi votre tolérance à l'alcool est fortement réduite, vous devrez limiter les beuveries et si en revanche vous pouvez boire un tonneau de bière sans sourciller, c'est bien aussi. Je n'encourage personne à boire, bien sûr.
Tout ça pour dire que la base de tous ces principes, c'est le respect d'un certain code moral. Tous les pratiquants de yoga ne le respectent pas même si à l'origine le yoga tel qu'il a été décrit par Patanjali dans les yoga sutras préconise le respect de quelques principes basiques pour l'aspirant yogi. C'est donc un choix propre à chacun même si à titre personnel je pense que yoga et végétarisme font plutôt bon ménage.
Bonjour Carl, en voilà un commentaire bien virulent ! Je ne fais qu’exposer un raisonnement, qui n’est pas le mien d’ailleurs. Je suis une voie tantrique dans laquelle les considérations morales sont personnelles, et la saveur de l’instant est mise au premier plan… Je vous rejoins donc sur la recherche de saveur, de joie, de plaisir. Rien d’ascétique dans cette démarche sauf si c’est choisi pour suivre un objectif précis. Cependant, je trouve important de respecter les convictions de ceux qui pensent différemment. Je ne me permettrai pas de dire à un végétalien que son mode de pensée est ridicule. Un peu de tolérance et d’ouverture ne font pas de mal 😉
Insinuer que le monde qui mange de la viande est non-éthique est ridicule. Tout est question de modération. Que vous le vouliez ou non, nous sommes aussi des animaux, raisonnables me direz-vous, mais des animaux quand même avec toute une histoire génétique. Je vais toujours respecter les gens qui font le choix d’être végétarien ou même vegan et qui ne prennent pas d’alcool. En fait, je respecte ceux qui font ces choix au nom de la santé. Quand on embarque dans les débats éthiques pour expliquer ces choix, ça m’apparait plus comme une secte et là je décroche. Comme les curés des années 60 qui voyaient des péchés partout.
Quand vous faites entrer la notion d’éthique dans le débat, vous verrez très rapidement des contradictions remonter à la surface. Comme se donner bonne conscience en mangeant des aliments équitables qui ont pourtant été souvent produits dans des pays pauvres par des enfants mineurs aidés d’animaux remplaçant la machinerie utilisée dans les pays développés.
J’espère que vous ne portez pas de vêtements en cuir ou fabriqués par des enfants. Si vous portez du Nike, vous devriez avoir un problème éthique pas mal plus important que celui de manger un œuf. Si vous achetez des meubles chez Ikea, vous devriez avoir pas mal plus honte que de boire un verre de lait ou même manger un poisson.
Je ne prône évidemment pas la maltraitance des animaux (j’ai moi-même un Golden Retriever adorable) mais avant de se lancer dans la protection des abeilles, des couleuvres, des bébés phoques et des poules, pourrait-on commencer par s’occuper de nos enfants et nos aînés, les malades, les pauvres et les démunis.
Allez dire à des tribus nomades de Sibérie que de manger un renne est un geste non-éthique…Même chose pour un village côtier de Madagascar qui ne dépend que de la pêche et de l’élevage de zébu.
Vous me direz que vous êtes rendus plus haut dans la pyramide des besoins de Maslow que ces peuples, soit, mais vous conviendrez avec moi que notre instinct animal refera toujours surface dans certaines situations extrêmes. C’est comme les pays du G20 qui disent à la Chine et aux autre pays émergents qu’ils devront se soumettre à un accord sur les changements climatiques (Kyoto, Paris, etc.) alors qu’eux ont pu polluer autant qu’ils le voulaient pendant des décennies pour assurer leur développement. Tout aussi hypocrite.
Bref, le végétarisme pour la santé, oui, mais pour des raisons éthiques, vraiment pas.
Là-dessus je m’en vais préparer un bon filet mignon de cerf accompagné de légumes bios pour toute la famille. Pour les adultes consentants, un bon verre d’un grand crû classé de Bordeaux leur sera servi. Une bonne tarte tatin chaude avec une boule de crème glacée conclura le repas.
Je crois qu’on peut être un yogi et ressentir ses effets bénéfiques sans perdre son côté épicurien. En passant, est-ce que le sexe est bon dans la vie du yogi. J’ai déjà lu que le sexe par plaisir (avec sa conjointe) n’était pas nécessairement recommandé. Si c’est vrai, vaut mieux quitter ce monde…
Carl