Si l'on ne fait pas du yoga, on peut chercher à expérimenter un état de yoga, d'union. À travers les techniques transmises par les yogis mais à la limite, à travers n'importe quelle pratique. Une discipline derrière laquelle nous avons mis tout plein de concepts occidentaux en oubliant bien souvent quelle est son origine…

Différents styles de yoga ?

J'ai eu envie d'écrire ce texte en rentrant d'Inde. Parce que les cours de yoga pullulent dans les grandes villes en France comme en Inde, le grand n'importe quoi côtoie l'excellence sans que l'on ne puisse différencier au premier abord. Il faut donc tester, sachant que ce qui convient à l'un ne conviendra pas au voisin.

Dans notre recherche très occidentale de séparation, de distinction, de classification, nous avons séparé le yoga (qui veut quand même dire "union" !) en tout un tas de sous catégories. Des yogas qui, dit-on sont tous inspirés du hatha yoga. Je ne vous les listerai pas ici, certains ont déjà pris le temps de faire une liste quasi exhaustive des types de yoga en vogue. Pour les lyonnais, vous pouvez aussi consulter un site qui vous répertorie tous les cours de yoga sur Lyon. De quoi trouver "votre style" !

Une question revient aussi souvent lors de ce type de voyage "tu pratiques quel type de yoga ?". Sachant que la réponse conditionnera fortement l'opinion de notre interlocuteur. Si l'on vient d'un "type" de yoga concurrent, attention, on s'expose au risque d'être jugé. Un type de conversation qui me met souvent un peu mal à l'aise.

Le yoga, c’est quoi ?

Revenons à ce qu'est le yoga. Pour plus détails, vous pouvez consulter cet article qui reprend des définitions possibles du mot "yoga". L'union des 3 plans, du corps, de l'énergie (à travers le souffle, déjà) et du mental. Dès qu'il y a union des 3 il y a yoga.

Les yoga sutra définissent le yoga comme l'arrêt des activités du mental. Une notion d'immobilité qui est centrale dans la pratique et qui rejoint cette recherche d'unité : s'il y a immobilité sur l'un des plans, les 2 autres s'immobilisent dès que l'on atteint l'unité. Une définition simple, qui ne se préoccupe pas des appellations commerciales. Que l'on tienne la posture 2 ou 5 minutes, que l'on soit parfaitement aligné ou que l'on accepte une certaine souplesse sur la forme du corps n'a finalement pas une si grande importance que cela…

Yoga Ganga Style

Je vais vous raconter une anecdote amusante de mes vacances. Je me baladais tranquillement sur les ghats, au bord du Gange. C'est so cliché, vous ne trouvez pas ? 🙂

Un sadhu s'approche et me dit avec un grand sourire "my yoga is powerful, you want to see ?". Mais oui. Il se met alors en kapalasana, la tête en bas avec un appui sur les mains et commence à gigoter avec ses jambes. Effet secondaire non désiré : le petit pagne qui le couvrait s'est rapidement fait la malle, ce qui a créé un léger malaise autour. Bref.

Une fois redescendu, il revient vers moi avec un grand sourire. Il m'explique gentiment comment utiliser le mala de rudraksha que j'ai autour du cou pour dire des mantras à Shiva. Explication beaucoup plus conforme à ce que je connais.

Et là, je vois clairement que le jugement nous limite : s'il était centré et aligné en faisant ses acrobaties, qui suis-je pour juger que ce n'est pas du yoga ? S'il pense à boire un thé en récitant ses mantras, comment puis-je dire que cette pratique est meilleure qu'une autre ?

Nous avons bu un chaï en regardant l'eau trouble couler et les femmes s'affairer pour laver leur linge dans le fleuve sacré. Je me suis dit qu'il y avait un sérieux travail de déconditionnement à faire.

Quel avenir pour le yoga ?

J'ai adoré ce voyage mais dans la plus grande joie il est rare qu'il n'y ait pas une petite goutte d'amertume. La promotion du yoga, même si elle est parfois très, trop commerciale, ne me dérange pas vraiment : je me dis que c'est un moyen comme un autre de faire connaître cette belle discipline, et d'un point de vue très pragmatique cela met en relation un besoin (de changement, de mieux-être) et une offre. À partir du moment où le yoga reste du yoga. Ce qui me gêne, c'est d'appeler yoga ce qui est de la gymnastique douce ou une autre technique corporelle qui ne vise ni l'immobilité, ni l'unité. La détente c'est bien, mais ce n'est pas ce que le yoga nous promet, je la vois plus comme un effet secondaire agréable. Ne réduisons pas cette voie de connaissance, cette richesse à un simple médicament qui nous permet de supporter un peu mieux les vies de folie que nous menons.