Inaugurons la rubrique des articles invités avec cette explication très détaillée de la pratique d'hamsa sadhana ! Un grand Merci Eve-Anne qui anime le blog VotreYoga pour son article. VotreYoga est l'un des rares blogs dédiés au natha yoga, une mine d'information sur cette branche traditionnelle du hatha yoga ! Bonne lecture 🙂

MéditationTout d'abord, je voulais remercier Samantha de me recevoir sur son blog. C'est un honneur pour moi car "Dharmalyon" et les articles de Samantha sont une vraie source d'inspiration.

Je voulais vous présenter un exercice de méditation, à la fois accessible à tous et, en même temps, faisant partie des toutes grandes pratiques du yoga. Il s’appelle “Hamsa Sadhana”.

En plus d’ apporter un énorme bien –être, cette pratique soulage énormément la pression qu’on peut se mettre au quotidien.

“Hamsa Sadhana” nous aide à nous dépouiller du superflu, des étiquettes et des attributs que nous portons et qui sont parfois bien lourds. En cela, elle apporte de réels soulagements. Elle aide à remettre les idées au clair, à prendre du recul sur les situations stressantes ou conflictuelles. Sur le plan spirituel, Hamsa Sadhana est une véritable plongée au coeur de soi, là où réside la lumière et le bonheur de l'"être".

“Hamsa” a plusieurs significations :

  • c’est le mantra associé au souffle, le souffle lui-même. On retrouve de nombreuses pratiques de yoga où on récite le mantra “ham sa”, “ham” à l’inspiration et “sa” à l’expiration.
  • Cela signifie aussi le “cygne”. Il existe d’ailleurs Hamsasana, la posture du cygne.
  • Ham sa vient aussi de “aham sa” qui signifie “Je suis”

“Sadhana” signifie “pratique intense”.

“Hamsa Sadhana” est donc une pratique de concentration-méditation intense sur “Je suis”. Elle invite à jouer avec notre identité et nos identifications.

Pourquoi le sentiment d’identité peut-il générer du stress ?

Si on regarde dans le dictionnaire :

  • L’identité se définit comme l’ “ensemble des données qui déterminent une personne ou un groupe et qui permettent de le/la différencier des autres”
  • Identifier se définit comme “Préciser la nature de quelque chose, son type, sa catégorie, pouvoir “dire ce que c’est” ou encore “Découvrir” l’origine d’un objet, son appartenance, grâce à une marque, un signe caractéristique

La sociologie distingue :

  • l’identité personnelle qui “englobe des notions comme la conscience de soi et la représentation de soi”.
  • l’identité sociale qui “permet d'identifier le sujet de l'extérieur et qui se réfère aux statuts que le sujet partage avec les autres membres de ses différents groupes d'appartenance (sexe, âge, métier...)”

 

identité

 

Quand on regarde toutes ces définitions, quelques idées principales émergent. Tentons de les remettre en mots plus simples.

1) Le sentiment d’identité, c’est important : c’est ce qui me permet d’avoir conscience de moi, de me sentir entier, d’avoir conscience de mes limites physiques et psychiques et de savoir que je ne suis pas l’autre.

2) L’identité est liée au verbe “être” : c’est pouvoir dire “ce que c’est”. “Ceci est un chat”, “cela est une rose”, cet instrument est un “saxophone”.

C’est évidemment indispensable au quotidien. Néanmoins, “dire ce que c’est” implique de cataloguer. Si ça ne pose pas forcément de problème quand il s’agit d’un objet, c’est tout de suite autre chose quand il s’agit d’un humain. “Dire ce que je suis” avec des mots est d’office réducteur.

3) L”identité est intimement liée au sentiment d’appartenance. Cette appartenance se constate de l’extérieur par des signes, des “marques”.

C’est souvent là que les problèmes commencent … Il suffit de voir les guerres qu’elles soient civiles, mondiales ou de religion, les violences entre supporters dans certains sports, le racisme … Dès que naît le sentiment d’appartenance naît la violence. Je vous invite à relire cet article que j’avais déjà écrit sur le sujet en cliquant ici

4) Identité – identification : c’est l’ensemble des “étiquettes” et de attributs que je porte, soit parce que je me suis donné ces étiquettes, soit parce que les autres me les ont données.

Certaines de ces étiquettes me plaisent (Je suis “cadre”, je suis “le petit ami de …”, je suis “un diable rouge”, …) et d’autres beaucoup moins (je suis “le dernier de la classe”, je suis “obèse”, je suis “un alcoolique” …).

A quoi nous identifions-nous ?

  • la profession. A la question “Que faites-vous dans la vie ?”, nous répondons tous par “je suis” : je suis boulanger, je suis électricien, je suis professeur, cadre d’entreprise …
  • le corps physique : “je suis grosse, je suis obèse” plutôt que “je fais de l’obésité”. “Je suis belle, je suis laide, “je suis pâle, je suis bronzée”, je suis blonde, je suis brune …, “Je suis dépressif” plutôt que “je fais de la dépression”, …
  • notre (nos) passion(s) : “je suis musicien” plutôt que “je fais de la musique”, …
  • les relations familiales, amicales et amoureuses : je suis la mère de, le fils de … Je suis l’épouse de… il est mon meilleur ami …
  • nos possessions. Ok, vous n’entendrez probablement personne dire “je suis ma voiture”, “je suis mon violon”, je suis “ ma moto”. Néanmoins, tout ce que nous possédons et ce à quoi nous sommes attachés engendre une peur : la peur de le perdre.

Et on pourrait continuer cette liste pendant des heures …

Les “étiquettes”, une source de souffrance

 méditation ham sa sadhana

Le yoga nous enseigne que tous nos statuts et toutes nos possessions peuvent devenir source de souffrance lorsque nous nous y identifions.

Que nous aimions ces étiquettes ou pas …

  • Si on m’a “collé” l’étiquette “gros” (une étiquette que je n’aime pas), ça me fait souffrir.
  • Si on m'a collé l'étiquette "docteur en ...", que cela me plaît et que je m'y attache, il y a de fortes chances pour que cela soit source de stress à un moment ou à un autre. Par exemple, si je perds mon emploi, quand je devrais prendre ma retraite, etc …

Pour le tantrisme, la véritable identité, le “JE SUIS” n’est pas définissable avec des mots. Pour se rapprocher le plus possible de qui nous sommes vraiment, il faut commencer par identifier ce que nous ne sommes pas.

C’est en éliminant tout ce que nous ne sommes pas que nous allons nous rapprocher de l’ ”essentiel”.

 

Assez de blabla, faisons un peu de yoga

Prenez une bonne assise ou allongez-vous sur le dos dans la posture de Savasana.

La “Ham sa sadhana” se fait en 5 phases :

1) S’identifier au souffle :

Observez le passage de l’air dans le nez, frais à l’inspiration et plus chaud à l’expiration, avec le son “Ham” à l’inspiration et “sa” à l’expiration. Comme si ce n’était pas vous qui prononciez ce son mais que vous l’entendiez.

2) se concentrer sur “Je suis” :

Centrez-vous dans le chakra ajna. Pour ceux et celles qui ne savent pas ce que ça signifie, convergez le regard vers le centre du front et visualisez une sphère lumineuse à 2 pétales.

Puis concentrez-vous sur “Je suis”. Prononcer mentalement “je suis” suivi d’ un vide, un silence d’observation.

3475122453_60f15b5782_m Voici une représentation très simplifiée de ajna chakra sur laquelle vous pouvez vous baser.

 

 

 

3) phase centrale de la méditation : le NETI NETI.

Neti neti signifie “Ni ceci, ni cela”. Je ne suis ni ceci ni cela.

Nous sommes ici dans la phase centrale de la pratique où nous allons éliminer toutes nos identifications.

Vous allez énumérer des attributs, des fonctions que vous portez, des comportements que vous avez en les plaçant dans une phrase avec une négation : "Je ne suis ni .... ni ....". Puis gardez un moment de silence où vous observez si cette phrase induit une réaction, un effet.

1) Commencez par énumérer des attributs du corps ou certaines parties du corps. Par exemple :

  • je ne suis ni mince ni gros
  • je ne suis ni grand ni petit
  • je ne suis pas beau, je ne suis pas laid
  • je ne suis pas bien habillée, je ne suis pas mal habillée, …

Vous pouvez penser à énumérer ce que vous pensez être un défaut de votre corps ou quelque chose que vous n’aimez pas :

  • je ne suis pas mes grosses fesses, je ne suis pas mes fesses musclées …
  • je ne suis pas mon gros nez, je ne suis pas mes rides, je ne suis pas mon gros orteil, je ne suis pas …etc …

2) Continuez en énumérant des comportements, des tendances, des activités :

  • je ne suis pas égoïste, je ne suis pas généreux
  • je ne suis pas … suivi de différentes professions
  • je ne suis pas méchant, je ne suis pas gentil …

Pensez à énumérer ce que vous considérez être vos défauts ou vos qualités …

Je ne suis ni ceci, ni cela. Je ne suis pas comme ceci ni comme cela.

Parfois, certaines choses peuvent paraître illogique voire absurde. Par exemple, dire que vous n’êtes pas boulanger si votre profession est justement boulanger …ou dire je ne suis pas un homme alors que, dans votre corps de chair, vous êtes effectivement sexué. JOUEZ LE JEU

 

4) se concentrer sur “Je suis”

reprenez la phase 2

5) S’identifier au souffle

Reprenez la phase 1

 

Notez que :

1) En natha yoga, les pratiques s’accompagnent toujours de mudras et bandhas, qui sont des gestes et des contractions qui stimulent et canalisent l’énergie.

Ici, utilisez :

2) Comme pour tout dans le yoga, c’est la pratique qui donne du résultat. Il se peut que les premières fois où vous vous essayiez à ce genre de technique, vous vous demandiez vraiment à quoi ça peut bien servir. Rien ne fonctionne en apparence et vous pouvez avoir envie de stopper au bout de trois minutes et de passer à quelque chose qui vous paraît plus utile. D’une fois à l’autre, il peut se passer des choses ou pas du tout.

Pour avoir connu ce genre de difficulté, je vous encourage vraiment à vous donner plusieurs chances, à persévérer un peu. Ayez confiance en la pratique, ayez confiance en vous-mêmes, et vous récolterez les fruits avec le temps. Du bien-être, du calme, du bonheur …

 

Je vous souhaite de très belles découvertes dans votre pratique du yoga.

Si cet article vous a plu et que le coeur vous en dit, je vous invite à faire une petite visite sur mon blog "VotreYoga"

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