Ainsi lorsqu’on a un corps il faut vivre selon les règles du dharma. Le dharma conduit à la connaissance, la connaissance conduit à la méditation, la méditation au yoga qui, s’il est gardé secret, conduit à la libération.

Kularnava tantra

Dharma, bouddhisme et hindouisme

Dharma, qu'est-ce donc que cette étrange notion ? Il est vrai que pour un site qui s'appelle Dharma Lyon, j'ai assez peu expliqué la signification de ce terme sanskrit. Souvent associé au bouddhisme, il reste tout de même un concept fondamental dans l'hindouisme. Au-delà des religions ou des croyances, une définition plus laïque du dharma peut être donnée : l'ordre du monde, ce qui doit être fait. Le plus difficile est ensuite de déterminer ce qui fixe les concepts de dharma et d'adharma (l'inverse de l'action qui doit être faite) : faut-il s'en remettre à une morale dictée par la société ou faut-il tenter de définir ce qu'est l'action juste pour soi ?

Dans le bouddhisme, le dharma (souvent traduit par "enseignement" est l'un des 3 joyaux avec la sangha (communauté) et le Bouddha. L'étude du dharma est l'étude de la vie elle-même : une tentative de compréhension des phénomènes externes et internes pour finalement laisser s'effacer cette séparation entre microcosme et macrocosme. Pour les bouddhistes, le dharma est aussi la somme des enseignements et des méthodes proposées pour arriver à la compréhension du monde et de soi.

L'hindouisme présente parfois le dharma comme l'action juste : mais juste par rapport à quoi ? On le définit aussi comme la loi. La loi de quoi, de qui ? Une définition très vague qui laisse à chacun le choix de l'interprétation. Le dharma est l'un des 4 buts de l'existence (4 purusarthas) avec artha (l'acquisition des biens matériels), kama (le plaisir) et enfin moksha (la libération).

Dharma, extérieur et intérieur

J'avais déjà écrit il y a longtemps un article sur le tantrisme et la morale. Pour résumer, on considère dans cette voie que si une morale externe est nécessaire pour régir la vie en société, cette même morale ne devrait pas s'appliquer lorsqu'il n'y a plus d'interaction avec les autres. Par exemple, le dharma, la loi externe nous impose de ne pas tuer : c'est plutôt une bonne chose, on ne va pas rejeter ces règles nécessaires à une cohabitation harmonieuse avec nos voisins ! En revanche, lorsqu'il s'agit de ses pensées ou de ses actions qui n'impactent que lui-même, le tantrika ne verra pas la nécessité de s'auto censurer et de s'imposer des limites arbitraires. Il sera donc libre de considérer qu'une action juste pour lui ne l'est peut-être pas pour la société. Il n'agira pas forcément suivant son dharma personnel mais il saura dans ce cas pourquoi il ne le fait pas.

“Si un homme essaie de suivre le dharma convenant à une personne plus développée que lui, il ne réussira pas à le mettre en pratique et perdra donc son temps et son énergie”.

Bhagavad Gita

Il est donc intéressant de se poser la question de l'action juste pour soi, de son dharma personnel. Svadharma en sanskrit est le mot qui désigne ce dharma propre à chacun, mais cette notion reste teintée par la culture indienne et le système des castes où chacun a un dharma personnel qui dépend étroitement de sa naissance. Dans une démarche où l'on recherche à s'extraire des conditionnements, cette limitation ne peut bien entendu pas être retenue.

” Mieux vaut pour chacun sa propre loi d’action, même imparfaite, que la loi d’autrui, même bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi, il est périlleux de suivre la loi d’autrui“.

Bhagavad Gita

Si l'on ne suit pas son dharma on risque de ressentir un sentiment de dysharmonie à l'inverse de l'union que l'on recherche dans (vous l'avez deviné) le yoga ! Dharma et yoga sont indissociables. La définition, l'acceptation et l'union avec son svadharma est une piste à explorer. Le développement de l'intuition est utile à celui qui veut suivre cette voie : en sachant au fond de soi ce qui est juste ou non pour soi, ce qui produit l'harmonie ou la dysharmonie nous permettra de faire des choix appropriés pour vivre en accord avec ses convictions profondes, ses valeurs et ses aptitudes.

Dharma et karma

Le dharma est étroitement lié au concept plus connu (mais souvent également mal compris) de karma. Le karma est généralement vue comme le destin, la fatalité mais en réalité le sens est bien différent : karma signifie "action". Les notions de bon et de mauvais karma sont réductrices. Le principe du karma est neutre, il s'agit d'une loi de cause à effet. Une action produit un effet, c'est aussi simple que ça. Quoique... Le résultat de l'action peut différer suivant l'intention de la personne qui agit. Ce n'est donc pas l'acte en lui-même qui est le plus important mais la conformité au dharma. Un acte conforme aux lois (personnelles, naturelles, celles de la société) entrainera un résultat que nous jugeons comme positif : c'est fluide, ça fonctionne et plus que tout on est en paix avec soi. Un acte non conforme, même s'il n'entraîne pas de conséquences immédiates, pourra venir perturber le mental avec cette sensation que "quelque chose n'a pas été fait comme il faut".

À chacun son dharma

Le dharma, c'est ce qui donne du sens. Sans dharma, tout acte serait absurde car motivé par ... rien ! Si vous décidez de prendre un peu de temps pour réfléchir à ce que serait votre dharma personnel, le voyage s'annonce riche de surprises et de connaissance !

Comprendre cet ordre, c'est pouvoir s'y conformer : cet ordre est d'abord en soi, c'est la loi du tout, au-dessus de la morale. À l'origine la religion est la connaissance du dharma. Un objectif qui se perd...